Écoles rurales : le cours d’injustice est magistral !

Publié le par André Chassaigne

 

  La saignée imposée par le Gouvernement depuis 2007 se poursuit dans l’Education nationale, avec la suppression de 14 000 postes d’enseignants supplémentaires en 2012. Depuis quelques jours, les territoires ruraux en subissent les effets : des suppressions de classes et d’écoles sans préalable et l’amputation des moyens humains pour l’aide aux élèves et pour les remplacements. La pratique est aussi simple que dangereuse : on coupe dans les dépenses publiques les plus fondamentales pour l’avenir du pays, comme l’éducation.

 Cette politique, ce n’est ni « la rigueur », ni « l’austérité ». C’est tout simplement l’inconséquence d’une bêtise aveugle !

 

 Pour saisir l’ampleur de l’injustice faite aux écoles, et aux écoles rurales notamment, prenons des exemples concrets.

 Dans le département du Puy-de-Dôme, 4 des 8 classes uniques restantes sont frappées par des mesures de fermeture ou de gel. Il est bien loin le temps de la sublimation du film « Etre et Avoir » !

 Celle de Lachaux par exemple, sur un territoire de moyenne montagne, avec des conditions d’accès très difficiles : elle compte pourtant le même nombre d’élèves que l’année précédente. Celle d’Anzat-le-Luguet encore, à plus de 1100 mètres d’altitude, avec des villages dispersés dont certains situés parfois à près d’une heure d’une autre école rurale !

 Cette carte scolaire 2012 ne fait vraiment pas dans la dentelle, comme avec l’école de Saint-Anthème, située à 1000 mètres d’altitude, et qui pour 3 élèves de moins en prévision, perdrait une de ses 5 classes. Avec 101 élèves aujourd’hui et 98 sans doute demain, on ne s’embarrasse pas des conséquences d’une telle mesure. Jugez plutôt : le résultat, c’est 25 élèves en CM1-CM2, 21 élèves en CE1-CE2, 18 en CP et… 34 élèves de 3 à 6 ans dans une seule classe ! Tout le monde sait pourtant l’importance de la maternelle pour des élèves issus de familles modestes, de plus en plus nombreuses en milieu rural.

 La nouvelle purge éducative est consternante : pour un, deux ou trois élèves en moins en prévision, on supprime une classe, sans même parfois en avoir averti les élus locaux.

 

 Où sont passées les promesses du Président de la République en Lozère ? Envolées !

 Et que dire de l’application de la circulaire n°2011-237 du 30 décembre 2011, qui affirme pourtant la nécessité « d’identifier les écoles ou réseaux qui justifient l’application de modalités spécifiques d’organisation et d’allocation de moyens au regard de leurs caractéristiques montagnardes ». Cette circulaire, obtenue sous la pression des élus de la montagne, excédés, prévoyait notamment des études d’impact systématiques. Elle a curieusement disparu des écrans des inspections académiques avant les choix de carte scolaire.

 

 Face à l’injustice, les parents d’élèves, les familles, les élus et les équipes éducatives se mobilisent. Je suis persuadé qu’il faut à tout pris rompre l’isolement de ces luttes pour maintenir les classes et les écoles. Nous devons faire preuve d’une vraie solidarité entre territoires, pour porter la démonstration des injustices sur la place publique, et le refus de voir disparaître « l’école de l’avenir ».

 

 

Chronique publiée dans le journal La Terre du 21 au 27 février.

 

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